Fresque égyptienne 2000 ans avant notre ère où l’on peut voir des femmes danser et porter des perles autour des hanches

Nous sommes nos ancêtres, ils sont dans notre ADN donc tout sentiment de détachement vis-à-vis d’eux n’est qu’une illusion.

Ma passion pour les perles de taille est un héritage mais qui ne m’a pourtant pas été transmis par ma mère ou ma grand mère, bien au contraire puisque j’ai grandi dans un milieu où il n’y avait de place ni pour mes ancêtres, ni pour ma négritude, ndu coup je trouve que ça relève du miracle et de la magie qu’aujourd’hui que je puisse être si confortable, si à l’aise dans mon corps, et que je m’aime et m’accepte inconditionnellement en tant que femme noire. 

Malgré toutes les tentatives extérieures pour nous couper de nos racines, je pense que, nous afro descendants portons en nous l’héritage de nos ancêtres, que nous en soyons conscients ou pas, un héritage qui s’exprime à travers nos langues, nos arts, nos créations.

J’ai fais mon premier bin-bin sans savoir que c’était un bin-bin, avec ce qu’on appelle chez moi des «  Grèn Job » des petites graines réputées pour soulager les menstruations douloureuses. Certains diront que ces graines sont une sorte de placébo, mais j’ai eu un sentiment de bien être en habillant mon corps de ce petit ornement. 

Devenu vite une obsession, j’ai cherché à me procurer les vrais BinBin mais pour cela il fallait aller jusqu’aux États-Unis, en france ou sur la terre mère… Bonjour les frais de ports, taxe et compagnie. J’ai donc décidé d’en faire moi même, je faisais des perles de taille pour moi et mes amies, ces femmes qui m’inspirent et me touchent par leur féminité. Je ne comprenais pas tout de suite pourquoi et comment ces petites perles attiraient le regard et les interrogations de tous, hommes comme femmes. Sur le plan esthétique c’était indéniable, cela mettait mes courbes en valeur, soulignait ma féminité et mettait ma beauté en exergue. 

Sur le plan occulte j’avais du mal à expliquer d’où venait cette assurance qui émanait de moi, ce sentiment de ne faire qu’un avec moi même, cette paix, ce bien être… Tout ceci à cause de perles autour de ma taille ?

J’ai eu l’idée de créer cette marque lors de mon voyage au Sénégal, l’un des pays où les bin-bin sont très répandus. 

Les bin-bin sont des perles colorées que les Femmes Africaines portent autour des hanches depuis des générations, on en trouve également au Ghana, Mali, Guinée, Nigéria, Bénin, Congo. 

Marché de perles, Afrique de l’ouest

L’histoire de ces perles autour des hanches date de l’antiquité. Pour beaucoup elle aurait commencé en Egypte Antique où les femmes les utilisaient pour indiquer leur statut social.

Aujourd’hui en Afrique de l’ouest c’est l’accessoire de séduction par excellence pour les femmes de tout âge, et toute morphologie confondue. Elles s’en servent pour célébrer leur féminité, sensualité, sexualité et fertilité, mais aussi pour séduire les hommes et les rendre fidèles, selon les dires. Pour certaines c’est un bijou qui doit être caché, un bijou personnel et intime pour elles et leur partenaire que lui seul a le droit de voir et toucher pour renforcer l’intimité du couple. Pour d’autre c’est un accessoire de mode exposé à la vue de tous pour affirmer sa féminité et son assurance. D’autres encore les portent pour éloigner les mauvaises énergies, pour guérir ou simplement pour contrôler leur poids.

Au Sénégal, j’ai beaucoup questionné les femmes sur les marchés mais une femme en particulier qui m’hébergeait a partagé avec moi, les secrets ancestraux du pouvoir du bin-bin.  

Elle m’a donné les perles qu’elles utilisent, m’a montré les outils, la méthode pour les confectionner. Elle a partagé avec moi quelques anecdotes de femmes sénégalaises

Elle m’a d’abord beaucoup parlé des bin-bin comme étant un accessoire de séduction et de l’effet qu’il produisait sur ces messieurs, « ils aiment beaucoup » , « ça les rend fou » , « s’ils regardent, touchent, et entendent le bruit des perles, ils resteront fidèles »  je rigolais beaucoup car c’était une notion qui revenait souvent, la fidélité d’un homme et pour moi être une femme confortable, bien dans sa peau, qui s’accepte telle qu’elle est et s’aime inconditionnellement est d’abord ce à quoi j’aspire avant de vouloir rendre un homme fidèle…

Je me suis dit qu’avant d’agir sur les hommes, ce bijou devait forcément avoir un effet sur celle qui le porte. Ce qui les rend fou, est-ce le simple ornement ou le fait que celle qui le porte, le fasse avec assurance et élégance ? 

J’étais ensuite très attentive quand elle me parlait des vertus protectrice du bin-bin « ça éloigne les mauvaises énergies » , « attire la chance et la protection » , « certaines les utilisent avec des graines pour soigner les maux de reins » cette dernière anecdote m’a ramené à mon premier bin-bin que j’ai fait sans savoir ce qu’il représentait. 

J’ai crée cette marque parce que j’ai envie de ramener cet héritage sur mon ile et partager avec mes soeurs le secret de séduction mais aussi de guérison et de protection de nos ancêtres. J’ai envie que toutes les femmes noires, quelque soit leur morphologie ou leur statut social se sentent bien dans leur corps.

Chaque femme utilise son binbin comme elle l’entend. Je ne dicterai jamais à une femme ce qu’elle doit faire de son corps, le système dans lequel on vit a trop cherché a nous enfermer dans des notions de féminité universelle qui sont complètement faussées…

Selon moi il y a autant de notion de féminité qu’il y a de femmes sur terre. 

Etre féminine c’est être une femme libre, bien dans sa peau et qui vie sa vie pleinement comme elle l’entend. 

Pour apporter ma touche personnelle à ces ornements ancestraux j’aime les agrémenter de petits accessoires qui me rappellent ma féminité, 

Les cauris : premiers ornements sacrés africains, qui sur le plan symbolique, sont fréquemment mis en relation avec le féminin, leur forme étant associée à celle du sexe féminin. Les cauris étaient également utilisés lors de rites de fécondité et de divination.

Les lunes : il est dit que les hommes sont liés au soleil et les femmes à la lune car nous avons le même cycle de 28 jours. Selon moi nous avons autant de phases et sommes aussi changeantes qu’elle. Nos corps et sentiments seraient fortement influencés par elle. 

Les plantes: qui pour moi sont à l’image de ce que nous sommes, elles évoquent la terre, la vie, l’essentiel.