Fresque égyptienne env. 1400 ans avant notre ère où l’on peut voir des femmes danser et porter des perles autour des hanches
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« Nous sommes nos ancêtres, ils sont dans notre ADN, tout sentiment de détachement vis-à-vis d’eux n’est qu’une illusion. »
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Ma passion pour les perles de taille est un héritage mais qui ne m’a pourtant pas été transmis par ma mère ou ma grand mère, bien au contraire puisque j’ai grandi dans un milieu où il n’y avait de place ni pour mes ancêtres, ni pour ma négritude, du coup je trouve que ça relève du miracle et de la magie qu’aujourd’hui que je puisse être si confortable, si à l’aise dans mon corps, et que je m’aime et m’accepte inconditionnellement en tant que femme noire.
Malgré toutes les tentatives extérieures pour nous couper de nos racines, je pense que, nous afro descendants portons en nous l’héritage de nos ancêtres, que nous en soyons conscients ou pas, un héritage qui s’exprime à travers nos langues, nos arts, nos créations.
J’ai fais mon premier bin-bin en 2018 sans savoir ce qu’était un bin-bin, avec ce qu’on appelle chez moi des « Grenn Job », des petites graines blanches réputées pour soulager les menstruations douloureuses. Certains diront que ces graines sont une sorte de placébo, mais j’ai eu un sentiment de bien être en habillant mon corps de ce petit ornement. Devenu vite une obsession, j’ai cherché à me procurer les vrais BinBin mais pour cela il fallait aller jusqu’aux États-Unis, en france ou sur la terre mère…
Bonjour les frais de ports, taxe et compagnie. J’ai donc décidé d’en faire moi même, je faisais des perles de taille pour moi et mes amies, ces femmes qui m’inspirent et me touchent par leur féminité. Je ne comprenais pas tout de suite pourquoi et comment ces petites perles attiraient le regard et les interrogations de tous, hommes comme femmes. Sur le plan esthétique c’était indéniable, cela mettait mes courbes en valeur, soulignait ma féminité et mettait ma beauté en exergue.
Sur le plan occulte, j’avais du mal à expliquer d’où venait cette assurance qui émanait de moi, ce sentiment de ne faire qu’un avec moi-même, cette paix, ce bien-être… Tout ceci à cause de perles autour de ma taille ?
J’ai eu l’idée de créer FANM ATA lors de mon voyage au Sénégal, l’un des pays où les bin-bin sont très répandus. Les bin-bin sont des perles colorées que les Femmes Africaines portent autour des hanches depuis des générations, on en trouve également au Ghana, Mali, Guinée, Nigéria, Bénin, Congo.
L’histoire de ces perles autour des hanches date de l’antiquité. Pour beaucoup elle aurait commencé en Egypte Antique où les femmes les utilisaient pour indiquer leur statut social.
Aujourd’hui en Afrique de l’Ouest, c’est l’accessoire de séduction par excellence pour les femmes de tout âge et toute morphologie confondue. Elles s’en servent pour célébrer leur féminité, sensualité, sexualité et fertilité, mais aussi pour séduire les hommes et les rendre fidèles, selon les dires. Pour certaines c’est un bijou qui doit être caché, un bijou personnel et intime pour elles et leur partenaire que lui seul a le droit de voir et toucher pour renforcer l’intimité du couple. Pour d’autre, c’est un accessoire de mode exposé à la vue de tous pour affirmer sa féminité et son assurance. D’autres encore les portent pour éloigner les mauvaises énergies, pour guérir ou simplement pour contrôler leur poids.
Au Sénégal, j’ai beaucoup questionné les femmes sur les marchés, mais une femme en particulier qui m’hébergeait, a partagé avec moi les secrets ancestraux du pouvoir du Binbin.
Elle m’a donné les perles qu’elles utilisent, m’a montré les outils, la méthode pour les confectionner. Elle a partagé avec moi quelques anecdotes de femmes sénégalaises.
Elle m’a d’abord beaucoup parlé des Binbin comme étant un accessoire de séduction, des effets qu’ils produisaient sur ces messieurs, « ils aiment beaucoup » , « ça les rend fou » , « s’ils regardent, touchent, et entendent le bruit des perles, ils resteront fidèles ». Je rigolais beaucoup, car c’était une notion qui revenait souvent, la fidélité d’un homme. Pour moi être une femme confortable, bien dans sa peau, qui s’accepte telle qu’elle est et s’aime inconditionnellement est d’abord ce à quoi j’aspire avant de vouloir rendre un homme fidèle…
Je me suis dit qu’avant d’agir sur les hommes, ce bijou devait forcément avoir un effet sur celle qui le porte. Ce qui les rend fou, est-ce le simple ornement ou le fait que celle qui le porte, le fasse avec assurance et élégance ?
J’étais ensuite très attentive quand elle me parlait des vertus protectrice du bin-bin « ça éloigne les mauvaises énergies » , « attire la chance et la protection » , « certaines les utilisent avec des graines pour soigner les maux de reins » cette dernière anecdote m’a ramené à mon premier bin-bin que j’ai fait sans savoir ce qu’il représentait.
J’ai créé FANM ATA parce que j’ai envie de ramener cet héritage sur mon île, de partager avec mes soeurs le secret de séduction, mais aussi de guérison et de protection de nos ancêtres. J’ai envie que toutes les femmes noires, quelque soit leur morphologie ou leur statut social se sentent bien dans leur corps.
Chaque femme utilise son binbin comme elle l’entend. Je ne dicterai jamais à une femme ce qu’elle doit faire de son corps, le système dans lequel on vit a trop cherché à nous enfermer dans des notions de féminité universelle qui sont complètement faussées…
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Selon moi, il y a autant de notion de féminités qu’il y a de femmes sur terre. Être féminine, c’est être une femme libre, bien dans sa peau et qui vit sa vie pleinement comme elle l’entend.
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